État des lieux

En France, 2 millions de femmes et jeunes filles sont victimes de la précarité menstruelle. Par faute de moyens financiers, elles renoncent à porter des protections périodiques durant leurs règles ou gardent leurs protections déjà souillées plus longtemps.

Il faut savoir qu’en moyenne une femme dépense un centime d’euros par an pour ses protections périodiques ; somme à laquelle il faut ajouter pour certaines des antidouleurs peu ou pas remboursés par la Sécurité sociale et le rachat non prévu de culottes qui ont été tachées.

La précarité menstruelle a de lourdes conséquences, car porter une protection plus longtemps au-delà d’être inconfortable peut entraîner des infections, des démangeaisons, voire des chocs toxiques en ce qui concerne les tampons.

En plus de la détresse que peuvent provoquer les femmes et les jeunes filles concernées, cela entraîne une hausse de l’absentéisme scolaire. On estime ainsi que 130 000 jeunes filles restent à la maison de peur de se salir en public par manque de protection périodique.

Pour les femmes SDF (qui représentent 2 personnes SDF sur 5), la précarité menstruelle s’ajoute à la précarité globale dont elles sont déjà victimes.

Une atteinte de plus à leur dignité déjà mise à mal par la vie dans la rue où elles sont très exposées aux agressions physiques et sexuelles.

La taxe rose et le changement de loi en France

Les protections périodiques, un produit de luxe ?

Pendant longtemps, les serviettes hygiéniques et les tampons étaient taxés à 20% soit comme un produit de luxe, là où les produits de première nécessité ont une TVA à 5.5%.

Les associations féministes ont régulièrement dénoncé le prix des protections hygiéniques ; selon elles, le taux appliqué sur les protections menstruelles est un exemple criant d’un phénomène plus global qu’on appelle la « taxe rose ».

La taxe rose n’existe pas en tant que telle, c’est une expression utilisée pour mettre en exergue le fait que des produits destinés aux femmes coûtent à priori plus cher que ceux destinés aux hommes.

Si cette pratique est déjà douteuse pour des produits du quotidien, elle est d’autant plus scandaleuse quand ça concerne les protections menstruelles. En effet, une femme n’a pas d’autre choix que d’avoir ses règles.

Les exemples les plus courants de la taxe rose : un déodorant féminin d’une marque de distributeur au prix plus élevé que le même déodorant pour homme, ou encore un paquet de rasoirs pour femmes (packaging et marketing à l’appui) qui coûtera plus cher pour la même marque alors qu’il contient moins de rasoirs que le paquet pour hommes.

Après plusieurs années à militer, le collectif Georgette Sand a finalement obtenu une avancée sur le sujet.

D’abord rejetée en novembre 2015, la réduction de la TVA appelée « taxe tampon » a finalement été votée en décembre 2015.

Les serviettes et tampons périodiques font désormais partie des produits de première nécessité. La réduction de la taxe à une baisse de 60 centimes environ sur le paquet de serviettes hygiéniques.

La lutte contre la précarité menstruelle dans les autres pays

En Europe, l’Écosse a été le 1er pays à voter la gratuité des protections hygiéniques pour toutes les femmes en novembre 2020. Le gouvernement avait déjà mis en place des protections gratuites dans les établissements scolaires depuis février de la même année.

Le Royaume-Uni a annoncé dès le 1er janvier 2021 la suppression totale de la taxe sur les protections hygiéniques.

Depuis 2020, le pays avait déjà mis en place la gratuité des protections menstruelles dans les écoles et les hôpitaux publics.

L’Allemagne a également voté la réduction de la taxe sur les protections menstruelles, ainsi, depuis janvier 2020 les protections sont taxées à 7% au lieu de 19%.

En parallèle, certains lieux publics comme des cafés ou des musées proposent des protections menstruelles en libre-service.

La Corée du Sud lutte depuis 2017 contre la précarité menstruelle en proposant des protections gratuites dans des centres sociaux pour les jeunes filles issues de familles

précaires.

Finalement, afin d’éviter la stigmatisation, le gouvernement a simplifié la démarche avec un système de carte prépayée que les jeunes filles peuvent utiliser dans un magasin ou sur Internet.

Pour lutter contre l’absentéisme scolaire, la Nouvelle-Zélande a également décidé de mettre à disposition gratuitement des protections hygiéniques dans les écoles depuis cette année.

La France s’engage dans la lutte contre la précarité menstruelle

Suite à un travail de plusieurs mois, les députés Laëtitia Romeiro Dias et Bénédicte Taurine ont rédigé et présenté à l’Assemblée nationale le 1er rapport sur les règles.

Le gouvernement est basé sur les préconisations des deux femmes pour mettre en place des actions de lutte contre la précarité menstruelle pour un budget de 1 million d’euros.

Ainsi plusieurs actions sont mises en place depuis 2020.

En Île-de-France, depuis le printemps des installations sont en cours afin que tous les lycées disposent de distributeurs proposant gratuitement des protections hygiéniques.

Des protections menstruelles gratuites sont également disponibles dans les résidences universitaires et les universités de toute la France depuis la rentrée 2021.

L’objectif du gouvernement est de prendre en charge le coût des protections menstruelles pour les étudiantes, mais également pour les femmes en situation de grande précarité.

C’est pourquoi des distributeurs automatiques de protections hygiéniques ont été installés dans des lieux publics pour permettre aux femmes d’acheter leurs serviettes à l’unité, comme pour les préservatifs. Celles qui peuvent payer par carte bleue et un système de carte prépayée est prévu pour les femmes qui n’ont pas les moyens.

En 2021, le gouvernement a décidé de consacrer 4 millions d’euros supplémentaires pour ces actions. Au total, c’est un budget de 5 millions d’euros qui est alloué à la lutte contre la précarité menstruelle.

Plusieurs associations se mobilisent depuis des années pour apporter leurs aides aux jeunes filles et aux femmes accueillies par la précarité menstruelle.

L’engagement financier du gouvernement permettra d’aider bien plus de femmes.

Vous pouvez aussi participer à la lutte contre la précarité menstruelle.

My Harmony organise régulièrement des collectes afin de distribuer gratuitement des kits de première nécessité comprenant des protections menstruelles.

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Vous pouvez également offrir un kit en cliquant ici.