L’autre facette des violences conjugales

C’est la partie immergée de l’iceberg.

Quand on pense aux violences conjugales, on pense femmes battues, bleus, coups , cris, insultes, etc., etc..Et ce sont ces indices que nous recherchons quand nous nous inquiétons pour l’un ou l’une de nos proches.

Malheureusement, il est compliqué pour l’entourage de détecter des signes de violence économique.

Une violence bien cachée, mais qui fait souvent partie des violences faites aux femmes au sein du couple et mène inexorablement à l’isolement de la victime.

Qu’est-ce que la violence économique ?

Les violences conjugales ne se limitent pas à la violence physique, elles comportent plusieurs facettes dont la violence psychologique (nous vous en parlions ici ) .

La violence économique consiste à contrôler les revenus d’une personne de façon à la priver de ressources ou de la possibilité d’en avoir.

Il est très difficile de savoir combien de personnes en France, hommes et femmes confondus, subissent des violences économiques au sein du couple.

Toutefois, on estime que 20 % des femmes qui contactent le 3919 Violences Femmes Infos vivent des situations de violence économique.
C’est un comportement insidieux qui ne sera pas visible pour l’entourage, et qui touche autant les femmes ayant des revenus que celles qui n’en ont pas. En effet, 55 % des femmes victimes de violence économique ont un salaire.

Une violence qui prend plusieurs formes

Ces comportements se mettent en place au fur et à mesure et peuvent être subis par différentes femmes y compris celles qui sont diplômées, qui ont un emploi valorisé par la société et qui savent gérer les tâches administratives.

Les femmes avec des revenus

L’auteur des violences peut utiliser différents stratagèmes selon la situation de la victime, ainsi, si elle a des revenus, du patrimoine ou un emploi il fera en sorte de l’appauvrir ou de la déposséder de ses revenus.

Cela peut aller du simple refus de participer aux dépenses courantes du foyer comme le loyer, les factures, le matériel scolaire pour les enfants et même les courses alimentaires.

Jusqu’à la souscription de divers prêts à la consommation au nom du couple sans l’accord de la victime et bien souvent sans l’avoir informée.

Elle se retrouve alors à supporter l’ensemble des charges du foyer toute seule et découvre l’accumulation des dettes quand il est malheureusement trop tard.

Pour la déposséder de ses revenus, il pourra faire pression sur la victime pour percevoir le salaire de cette dernière sur son RIB à lui ou celui du compte joint, et s’appropriera également les éventuelles prestations sociales ou CAF auxquelles le foyer a droit.

Bien souvent, il décide de manière arbitraire que c’est lui qui doit gérer l’administratif, la victime n’a alors aucune idée de la situation financière réelle du couple.

L’auteur des violences économiques aura également tendance à forcer la victime à quitter son emploi, par des intimidations par exemple ou en la harcelant sur son lieu de travail.

Les femmes sans revenu

Si la victime n’a aucun revenu, son conjoint abusif s’arrangera pour qu’elle dépende entièrement de lui économiquement.

Il lui interdira de travailler, d’avoir un compte bancaire individuel et ne lui donnera pas non plus accès aux moyens de paiement du compte commun.

Elle se retrouve entièrement à sa merci et est obligée de lui demander de l’argent pour gérer le foyer et ses dépenses personnelles.

Il peut alors exercer un contrôle strict de ses dépenses, lui imposant de justifier chaque centime demandé sous prétexte de contrôler le budget familial. Mais en réalité, c’est une façon d’infantiliser la victime et de la faire culpabiliser étant donné qu’elle ne contribue pas financièrement aux dépenses du foyer.

Pire, il peut lui donner sciemment une somme inférieure aux dépenses du foyer ou arrêter de lui donner de l’argent.

Si la famille a droit à des prestations sociales versées par la CAF ou d’autres organismes, l’auteur des violences économiques les fera virer sur son compte personnel.

Précisons que le fait de ne pas travailler pour s’occuper des enfants doit être un choix discuté ensemble dans une relation saine.

Si vous avez fait ce choix, votre conjoint n’a pas le droit de vous priver d’autonomie en confisquant vos moyens de paiement ni de vous reprocher de ne pas apporter d’argent au sein du couple.

Quelle que soit votre situation, chacun dans le couple doit être traité dans un rapport d’égalité.

Un comportement qui renforce l’emprise du bourreau sur sa victime

ll n’y a pas une seule forme de violence conjugale, mais des violences plurielles qui s’entremêlent les unes aux autres.

C’est un ensemble de comportements et d’abus qui vont permettre au conjoint violent d’exercer son emprise sur la victime, de la dominer et l’isoler afin d’avoir un contrôle total sur elle.

Elle perd son autonomie et se retrouve bien souvent en grande précarité financière en plus des dangers qu’elle court déjà pour sa santé physique et mentale.

Il devient d’autant plus compliqué d’envisager une séparation si la victime n’a plus de revenu pour subvenir à ses besoins.

Si toutefois le conjoint abusif abandonne le domicile conjugal, il refuse très souvent de payer une pension alimentaire et ne se préoccupe pas de rembourser les dettes contractées au nom du couple.

Une certaine mentalité

Les violences économiques sont reconnues comme faisant partie des violences conjugales, mais elles ne sont pas punies par la loi.

De plus, d’un point de vue légal, il n’y a pas de vol entre époux. Si le conjoint abusif vide le compte commun, il ne risque donc aucune poursuite judiciaire.

Cela ne choque personne que le salaire d’une femme soit versé sur le compte commun ou sur celui de son conjoint ou mari.

C’est quelque chose qui est ancré dans les mœurs françaises et n’alerte pas l’employeur ou les administrations.

Il faut dire qu’avant 1965 une femme mariée ne pouvait pas ouvrir de compte en banque sans l’accord de son mari; nous nous sommes donc habitués à l’usage des comptes communs ou à celui du conjoint même si la femme a un compte en banque.

Une nouvelle loi

Le conseil d’Europe avait intégré les violences économiques dès 2011 lors de la Convention d’Istanbul (convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique).

Il faut attendre l’année 2021 en France pour qu’une loi dans ce sens soit adoptée.

Il s’agit de la loi Rixain visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle entre les femmes et les hommes.

Elle prévoit entre autres l’obligation de verser le salaire sur un compte dont le salarié est titulaire (ou co-titulaire).

Le même principe doit être appliqué pour les prestations sociales.

La députée Marie-Pierre Rixain à l’origine de la loi demande l’implication des employés des administrations, des banques et des notaires.

Tous des professionnels en lien direct avec les ressources et à même de pouvoir intervenir rapidement auprès des victimes.

Nous vous le rappelons, les violences économiques et les violences de façon générale se mettent en place au fur et à mesure.

Si vous avez un doute sur votre situation, ces quelques témoignages vous aideront peut-être à faire le point :

http://www.slate.fr/story/196552/violences-economiques-administratives-conjugales-masculines-emprise-argent-couple

➡️ Vous êtes victimes de violences économiques et/ou administratives.

📞 N’attendez plus, réagissez.

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